Les protéines de fusion favorisent la détection de cancer
Depuis quelques années, les laboratoires de recherche ont mis en évidence que certaines tumeurs contenaient une protéine spécifique et anormale, issue de l’association aberrante de 2 morceaux de chromosomes. Cette forme anormale, nommée un « transcrit de fusion », est le plus souvent responsable du développement du cancer. Jusqu‘alors, ces transcrits de fusion servaient principalement à mieux diagnostiquer ces maladies et aider les cliniciens à mieux comprendre la manière dont les cancers se propageaient.
Les progrès des techniques de biologie moléculaire de ces 10-15 dernières années ont permis de trouver de plus en plus de transcrits de fusion, dont la grande majorité est spécifique d’un type tumoral particulier. Actuellement, plusieurs dizaines de transcrits sont connus et utilisés pour aider au diagnostic de plusieurs types de cancer.
A propos du projet de recherche Tag-N-Trak
Dans la mesure où ces protéines sont spécifiques des cellules tumorales, il est donc devenu rapidement important de chercher des médicaments qui visent à bloquer ces protéines anormales de manière spécifique afin de détruire les cellules du cancer qui la contiennent, tout en respectant les tissus sains. Ces « thérapeutiques ciblées » ont connu un essor majeur ces dernières années et font l’état de nombreux essais thérapeutiques avec plus ou moins de succès. Parmi ces thérapies ciblées, les médicaments ciblés inhibant le transcrit de fusion dit « NTRK » sont apparues extrêmement efficaces et jusqu’alors très peu toxiques. Les tumeurs qui présentent ce transcrit NTRK sont principalement des sarcomes du petit enfant (cancer des tissus, de type « fibrosarcome infantile »), des tumeurs du rein du nourrisson (« néphrome mésoblastique ») mais aussi certains cancers rares de l’adulte (comme par exemple, « cancer des glandes salivaires MASC » ou « cancer du sein secrétant »). Bien qu’il s’agisse de tumeurs rares, ces inhibiteurs de NTRK permettent dès à présent d’avoir une arme thérapeutique supplémentaire efficace et utilisable en cas de résistance aux traitements conventionnels. Toutefois, certaines de ces maladies, bien que porteuses de ce transcrit de fusion spécifique, ne semblent pas répondre à ces inhibiteurs et d’autres répondent de manière uniquement transitoire.
Le but de ce projet clinique et biologique est de faire une analyse précise des caractéristiques moléculaires de toutes les tumeurs qui portent ce transcrit NTRK afin de mieux comprendre comment ces tumeurs se développent et pourquoi certaines résistent aux traitements ciblés. Ces résultats portant sur des tumeurs très rares survenant chez l’enfant et l’adulte seront une aide au développement d’alternatives thérapeutiques en cas d’inefficacité de ces thérapies ciblées.
Le projet est donc d’analyser, à partir du laboratoire de génétique somatique de l’Institut Curie à Paris, toutes les tumeurs portant ce transcrit spécifique sur le plan moléculaire, de récupérer les données cliniques et de traitements des patients afin de mieux décrire leur présentation et leur comportement et de récupérer les tissus des tumeurs opérées afin de définir si leur aspect au microscope permet de les différencier des autres tumeurs.
Grâce à ce projet, de nombreux patients ont été identifiés grâce à la base de données obtenue dans le cadre du projet MAPPYACTS et ont pu bénéficier du Larotrectinib, qui a eu des effets thérapeutiques spectaculaires pour des enfants notamment atteints par un fibrosarcome infantile. Ce médicament, qui se prend sous la forme d’un sirop matin et soir, permet de faire régresser rapidement ces tumeurs et ne présente pas d’effets secondaires. Ce traitement est une preuve indiscutable de développer encore plus intensément la médecine moléculaire de précision.
Suivi du projet :
- Démarrage en Septembre 2020
- 65 patients sur 2119 tumeurs analysées ont eu un prélèvement tumoral présentent une fusion NTRK caractérisés et moléculairement validés
- Certaines de ces tumeurs ont été étudiées au niveau histologique et les données ont été comparées avec celles de la base SCOUT dont les patients ont été traités par le Larotrectinib (inhibiteur de NTRK), via une collaboration avec Bayer, pour aider à l’obtention d’une AMM conditionnelle (aujourd’hui validée)
- Ouverture de l’étude EPI-VITRAKVI sur la base de ces résultats afin de tester, en clinique, l’effet du larotrectinib, notamment pour les fibrosarcomes.
- Les données cliniques préliminaires de 28, 40 puis 65 patients ont été présentées sous forme de posters à l’ASCO 2020, la SIOP 2020 et le congrès de la SIOP 2021
- Publication de deux articles :
Résumé du projet
- Promoteur : Institut Curie
- Investigateur principal : Dr Daniel Orbach
- Durée du programme : Septembre 2019 – Septembre 2022
- Nombre de patients : 65 patients
- Pays concernés : France
- Financement Imagine for Margo : 60 000 €