Présentés au grand congrès annuel de l’ASCO à Chicago en juin 2019, les premiers résultats de MAPPYACTS, que nous avons co-financé à hauteur de 1.720.000€ grâce aux courses Enfants sans Cancer 2017 et 2019, sont prometteurs : pour 2/3 des enfants ayant bénéficié d’un séquençage de leur tumeur, des cibles thérapeutiques ont pu être identifiés, leur permettant de bénéficier de traitements ciblés dans des essais thérapeutiques tels que AcSé-ESMART.
Communiqué de presse de Gustave Roussy, juin 2019 :
MAPPYACTS rend possible la médecine de précision chez les enfants en échec thérapeutique
Le programme MAPPYACTS (pour MoleculAr Profiling for Pediatric and Young Adult Cancer Treatment Stratification) est une étude clinique multicentrique dont l’objectif est de réaliser une analyse moléculaire des tumeurs réfractaires ou en rechute de l’enfant, afin d’identifier des anomalies spécifiques susceptibles d’être les cibles d’un traitement. Ce programme est principalement soutenu par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, Imagine For Margo et l’Institut National du Cancer.
Il a été mené sur 500 enfants et adolescents français, italiens et irlandais atteints d’un cancer dont la moitié d’entre eux avaient moins de 13 ans. Sur les 390 patients dont les données ont pu être exploitées, 271 (soit 70 %) présentaient au moins une altération génétique, potentielle cible d’un traitement. 72 patients ont pu bénéficier d’un tel traitement, pour la plupart dans le cadre de l’essai clinique AcSé-ESMART. Certaines des altérations génétiques identifiées concernaient les fusions TRK. « Le programme européen MAPPYACTS, piloté par Gustave Roussy au niveau national, permet d’analyser la tumeur des enfants en échec thérapeutique, afin de leur proposer une thérapie ciblée. En France, ce séquençage génomique a permis d’identifier six jeunes patients porteurs d’une fusion TRK », précise le Pr Gilles Vassal, directeur de la Recherche clinique de Gustave Roussy et président d’ITCC (Innovative Therapies for Children with Cancer). Pour ces six patients il a été possible de les inclure dans des essais thérapeutiques testant une nouvelle thérapie ciblée, le larotrectinib.
Le taux de réponse au Larotrectinib atteint 94 % dans les cancers pédiatriques
Le larotrectinib est déjà autorisé aux États-Unis, où il est indiqué dans les tumeurs adultes et pédiatriques présentant des fusions TRK, sans précision sur l’origine du cancer. C’est la première thérapie ciblée à recevoir une indication dite « agnostique ». L’Agence Européenne du Médicament étudie actuellement le dossier. En France, dans l’attente de son AMM, ce médicament bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte depuis quelques semaines. Il devrait donc bientôt devenir la première thérapie ciblée autorisée pour le traitement des tumeurs solides de l’enfant. Une première étude sur le larotrectinib montre son efficacité durable et son innocuité chez les enfants souffrant de cancer avec fusions TRK. Les 38 participants ont été recrutés à partir de deux essais cliniques portant sur le larotrectinib, dans lesquels ils avaient été inclus après qu’un séquençage génomique de leur tumeur avait révélé l’existence d’anomalies TRK. Parmi les 34 patients qui ont pu être évalués, le taux de réponse globale au larotrectinib a atteint 94 %. Dans 84 % des cas, la durée médiane de la réponse a dépassé un an.
Efficacité du larotrectinib sur les métastases cérébrales et les tumeurs primitives du système nerveux central
La deuxième étude, menée en partenariat avec Gustave Roussy, montre l’efficacité du larotrectinib chez les patients atteints d’un cancer du cerveau avec fusions TRK ; le médicament offre également un contrôle durable de la maladie lorsqu’elle est associée à des métastases. L’étude a porté sur 14 patients, âgés de 2 à 79 ans, atteints d’une tumeur cérébrale et traités par larotrectinib pendant plusieurs mois. Cinq d’entre eux présentaient un cancer secondaire du système nerveux central avec des métastases cérébrales, les neuf autres une tumeur primitive du système nerveux central avec des fusions TRK. Le larotrectinib démontre son efficacité sur les métastases cérébrales de patients atteints d’un cancer présentant des fusions TRK. Des réponses confirmées et un contrôle durable de la maladie ont été observés dans la maladie métastatique et les tumeurs primitives du système nerveux central. Ces résultats plaident en faveur de la recherche des fusions TRK dans tous les cancers, y compris aux tumeurs primitives du système nerveux central.
Amélioration de la qualité de vie des enfants sous larotrectinib
Dans un dernier essai, mené en juillet 2017 en partenariat avec le département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent de Gustave Roussy, les chercheurs ont évalué l’impact du larotrectinib sur la qualité de vie des patients. Ils ont pour cela proposé à 37 patients (13 enfants et 24 adolescents ou adultes), atteints de tumeurs diverses mais ayant en commun des fusions TRK, plusieurs questionnaires de qualité de vie à différents moments de leur traitement. Les réponses des participants montrent une amélioration rapide à tous les niveaux : physique, émotionnel, social, cognitif et scolaire. Bien qu’obtenus à partir de petits échantillons, ces résultats traduisent une amélioration notable de la qualité de vie des patients atteints d’un cancer avec des fusions TRK, aussi bien les enfants, les adolescents que les adultes, lorsqu’ils sont traités par larotrectinib.
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Explications en vidéo du professeur Gilles Vassal, directeur de la recherche clinique à Gustave Roussy :
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